Catalogue de films
Comme toi
Synopsis
Anna, sept ans, admire sa mère à la fois victime et bourreau. À l’aide d’un rouge à lèvres qui lui est interdit, elle se raconte l’histoire imaginaire d’une princesse prise au piège : un fantasme digne d’un conte de fées pour la fillette, mais aussi l’angoissant reflet de la réalité de sa mère.
Équipe
- Scénario, Montage : Romy Boutin St-Pierre
- Direction de la photographie : Mathieu Huard
- Prise de son : Pierre Bouchard
- Mixage : Benoit Fecteau
- Conception sonore : Mathieu Robineau
- Musique : Naomie Herpin, Christian Roberge
- Direction artistique : Évelyne Jutras, Jean-Nicolas Demers
Genre
Thèmes
Bande-annonce
Biographie
Cinéaste émergente en fiction et en documentaire, Romy Boutin St-Pierre réalise et produit des courts métrages pour favoriser une dépolarisation sociale et une déstigmatisation de tabous, ainsi que pour contribuer à la pluralité des perspectives féminines. Graduée en relations internationales, diplômée en langue arabe et avec deux ans de bagage comme vidéojournaliste à Radio-Canada, ses intérêts liés à la diversité des perspectives l’ont amenée à poursuivre ses expériences en production et ses études cinématographiques au Québec, au Liban et au Maroc.
Elle part de l’intime et du sensoriel pour raconter des histoires accessibles à un auditoire à qui elle aime laisser entre les mains des questions que lui seul pourra répondre. Son court métrage Amato (2020, distribué par Spira, sélection à 15 festivals dont le festival REGARD) cherche à déconstruire la conception stéréotypée du polyamour à travers trois témoignages intimes, soit une continuité du relativisme et de la parole féminine silencieuse qui sous-tend son œuvre.
En 2023, elle fonde avec la cinéaste Lisa Bolduc la compagnie Les Émotives Inc., une boîte de production qui produit des courts métrages en fiction et en documentaire. Elles y mettent de l'avant un cinéma d’auteur·rice, régional et en soutien à la relève féminine. Les deux productrices allient cinéma engagé et divertissement, pour que leurs films interpellent un large auditoire amené à cheminer collectivement sur des questions sociales méconnues ou taboues.
Mot de la réalisatrice
J’ai grandi dans un environnement familial assez commun : celui où des micro-agressions sont courantes et normalisées. Pendant ma jeune enfance, je rêvais nuit après nuit d’être une princesse captive dans une tour, contrôlée par un homme autoritaire qui voulait me conserver que pour lui. J’avais beau essayer de le convaincre, de le supplier, de hurler, il n'acceptait jamais de me libérer et je restais ainsi prisonnière du rêve. Dans mon cerveau de fillette, cette histoire devenait presque réconfortante et romantique.
Plus grande, j’ai vécu une relation amoureuse où s’est installée la violence. J’ai entendu les confidences de plusieurs de mes proches naviguant dans des dynamiques relationnelles toxiques et brutales. Mon meilleur ami a été victime de violence physique et verbale de la part de ses parents tout au long de son enfance. En parler, même entre nous, c’est difficile. C’est tabou.
En travaillant comme vidéojournaliste à Radio-Canada, j’ai planché durant plusieurs mois sur un reportage vidéo rassemblant les témoignages d’hommes qui ont cheminé sur leurs comportements violents. Entrer en contact étroit avec ceux qu’on nomme publiquement « agresseurs » m’a permis de vite cerner que ces personnes ont elles-mêmes subi des actes de violence avant d’en commettre à leur tour.
La violence est un cycle perpétuel. Via des séances de psychologie et des formations en communication non violente, j’ai commencé à percevoir les rouages qui se cachent derrière la tendance vicieuse de l’abus de pouvoir. J’ai décidé que je n’allais pas être héritière de cette violence. J’ai décidé que je voulais briser cette spirale sans fin.
Avec le film Comme toi, j’ai cherché à déconstruire l’image de la victime parfaite, en faisant porter à chaque personnage le double rôle de la victime et de l’agresseur. Je me suis servie de mon fantasme d’enfance du rêve de princesse prisonnière pour mettre en lumière les rouages toxiques qui perpétuent un enjeu sociétal majeur : la violence conjugale.